Comment j’ai gagné le Sony World Photography Award dans la catégorie Sport ?

Janvier 2024, voilà que je reçois un appel pour m’annoncer que je suis le grand gagnant dans la catégorie sport du Sony World Photography Award. Pendant tout l’appel téléphonique, je suis resté surpris, déjà parce que j’avais oublié ma participation, et surtout quelles photos j’avais envoyé, mais surtout, car je pensais que c’était une blague. Mais non, c’était bien réel. J’ai donc explosé de joie dans les bras de ma chérie, tellement heureux de savoir que mon travail avait été vu et reconnu par des professionnels de l’image.

Et voilà que quelques mois plus tard, le 18 avril 2024, je me retrouve à Londres, dans ce qui pourrait s’apparenter à la cérémonie des Oscars, mais pour la photo, à devoir monter sur scène au moment où mon nom est annoncé comme le gagnant dans ma catégorie. J’ai toujours essayé de garder mon âme d’enfant, alors vous imaginez bien que devoir faire un discours devant autant de personnes, être le centre de l’attention pendant quelques secondes, c’était un peu fou pour moi. Note à moi-même : la prochaine fois, je prépare un texte. J’avais des choses à dire, mais à part quelques remerciements, pas grand-chose n’est sorti avec le trac de devoir monter sur scène. J’ai donc vécu 2 jours inoubliables, pour le jeune photographe que je suis.

Mais sans doute vous demandez-vous comment en suis-je arrivé là ?

La photographie a toujours fait partie de ma vie. Petit, quand je partais en classe de neige, en colonie ou en vacances en tout genre, je voulais toujours avoir un appareil photo jetable avec moi, pour pouvoir ramener des souvenirs à mes parents. Je suis très chanceux de ce côté-là, ils m’ont vraiment appris la curiosité et surtout mon permis de beaucoup bouger étant très jeune.

À mes 19 ans, je suis partie vivre à l’étranger, plus spécifiquement en Australie. C’était en 2014. Je voulais y apprendre le surf. En faire un style de vie. Je continuais à prendre des photos, car c’était important pour moi d’avoir des souvenirs de tout ce que je vivais. Bien entendu, pour pouvoir le partager sur Facebook avec mes amis et ma famille.

Je commence à m'intéresser de plus en plus à la photo, je me dis qu’il serait temps que j’apprenne à faire des photos en mode manuel. Je commence donc à potasser YouTube et à sortir prendre des photos des paysages qui m'entourent. Bien entendu, les rendus sont dignes d’un débutant, mais j’y prends un immense plaisir. Puis un jour, un ami me montre ses photos qu'il prend grâce à un caisson aquatique qui lui permet de photographier du surf. Ce jour-là, c’est une révélation immédiate pour moi : je veux être photographe de surf ! J’ai une chance incroyable, il décide de vendre son matériel, et il me le fait à un très bon prix. Me voilà donc en possession de mon premier appareil photo semi-pro, le Sony A6000, et aussi d’un caisson étanche pour pouvoir y mettre l’appareil photo. À ce moment-là de ma vie, je suis diplômé Guide de plongée sous-marine depuis quelques semaines, donc je passe littéralement tous les jours dans l’océan, entre surf et plongée. Petite parenthèse, ce fut le plus beau métier que j’ai fait de ma vie. J’en profite donc pour amener l’appareil photo avec moi sous l’eau, et y photographier le monde qui y habite.



Entre-temps, j’ai la chance d’aller voir ma mère d’accueil australienne (j’ai fait une année en tant qu’étudiant d’échange en Australie quand j’avais 16 ans.), qui étant photographe, me montre quelques techniques de photo, et surtout comment faire des photos des étoiles, depuis le jardin. Elle a une approche qui repose beaucoup sur les lignes et les textures dans une photo, donc j’imagine que ma passion pour ce genre de détail vient de là.

Puis en 2017, je pars vivre pendant 2 ans en Uruguay, et j’y rencontre quelqu'un qui deviendra un grand ami, Tavo. Lui est photographe de surf du Venezuela, et moi, je suis barista pro depuis 2 ans. On commence à travailler ensemble au Borneo Coffee, et donc naturellement, je lui enseigne tout ce que je sais sur le café, et en échange, il m’enseigne tout son savoir sur la photo. Son histoire me parle, ses photos sont magnifiques. Voilà que j’évolue ma technique photographique et mon oeil artistique de plus en plus vite.

J’y aurai l’opportunité d’être interviewer par Salvaje Web, ma première parution. Je parlerais d’ailleurs d’une photo que je rêve de faire, et l’Islande est déjà dans ma tête pour le surf.

2019, retour en France après 5 ans à l’étranger, c’est en toute logique que je pars m’installer dans les Landes. Enfin m’installer est un grand mot : Je dors à l’arrière de mon Scenic. Dès mon arrivée, j'ai suivi l’équipe Uruguayenne de Longboard pendant les championnats du monde à Biarritz. Pour moi, c’est la découverte du monde professionnel du surf. Puis direction Hossegor, et me voilà face à une des plus belles vagues au monde, la Gravière. J’y rencontre les surfeurs pros du coin, je commence tout doucement à faire ma place, de manière plutôt discrète. J’ai la chance de rencontrer des surfeurs et skateurs avec une belle mentalité, ce qui m’aide à grandir en tant que photographe et à prendre confiance en moi.

Je commence doucement à travailler pour certaines marques, que ce soit en photo ou en vidéo, tout en travaillant à côté dans un café. Voilà que mes photos commencent à être partagées par des pages Instagram dédiées au surf, comme des magazines.

Je profite aussi de réaliser des projets personnels, qui sont pour moi les plus importants. Grâce à deux d’entre eux, j’aurais l’opportunité d’être reconnu dans ma première grosse compétition de photo : RedBull Illume

Et voilà qu’en 2023, je pars réaliser mon premier documentaire, Kald Sol, réalisé dans un endroit que je rêvais de voir pour le surf : l’Islande. Ce projet est mon plus gros jusqu’à présent, et m’aura apporté satisfaction du début à la fin. Il fera plusieurs festivals et diffusions en France, en Europe, et même en Uruguay. Un article coréalisé avec ma compagne Aimeline sera aussi publié dans le magazine numéro 1 du Surf en France.

J’y étais pour réaliser un documentaire de surf,  mais je ne pouvais pas m'empêcher de prendre quelques photos. Je participe rarement à des compétitions photos, mais j’ai décidé d’envoyer une série au Sony World Photography Award, sans jamais me dire que je pourrais même être finaliste avec celle-ci.

Comme quoi, il est important de faire confiance en son travail, en ce que l’on entreprend. Donnez-vous à fond dans les projets que vous réalisez, car vous ne savez jamais où cela pourrait vous mener.









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Kald Sòl: La sortie en ligne de mon premier documentaire de surf en Islande