Mon plus beau projet photo à ce jour
Cela fait déjà 3 ans que nous avons réalisé ce projet.
Première publication dans un magazine, première demi-finale dans une compétition de photo, et surtout des belles rencontres et un projet artistique comme j'en voudrais tous les jours.
Pour moi, c’était un rêve de pouvoir réaliser un projet pareil. Cela faisait un moment que j’avais cette image en tête, mais je n’imaginais pas la réaliser d’aussi tôt. J’ai rencontré la belle équipe de l’association Slackline Pays Basque via les réseaux sociaux. Depuis quelques mois, j'étais en contact avec eux car dans l’optique de réaliser des images de Highline. La highline, c’est une discipline sportive qui se pratique sur une slackline (sangle) tendue entre deux falaises, ou montagnes. Un jour, nous avons repris contact pour créer le projet Pleine Lune.
On a passé une bonne journée à communiquer sur Facebook pour parler de la potentialité de la photo que nous voulions réaliser, utilisant diverses applications pour calculer comme Photo Pills, Google Earth et Google maps. Le lieu s’appelle Etxauri. Arrivé sur le lieu, j’ai été émerveillé par le spot, et avec ma compagne Aimeline nous avons été super bien accueillis sur le spot par l’équipe, que nous n’avions pas encore eu l’occasion de rencontrer. Après des difficultés, l’équipe du SlackLine Pays Basque a réussi l'installation. J’étais super stressé, anxieux et excité à l’idée que la photo puisse peut-être jamais se réaliser. D'après les calculs effectués, nous devions être à un peu plus d’1 km de la ligne, en contrebas dans un champ, pour réaliser la photo. Nous communiquions avec l’équipe en haut par appel téléphonique. Avec Aimeline, nous partagions des morceaux de champs pour être sûr de couvrir une grande distance, le premier qui voyait la lune sortir prévenait l’autre.
Quand on l’a vu sortir, cela a été un grand moment d’excitation. Nous étions tout le long en contact avec l’équipe en haut, pour leur dire où devait se placer Rafiki (alias Phillipe Soubes) sur la ligne. Tout s'est passé très vite, peut-être 3 minutes au maximum. J’ai été impressionné de l’agilité qu’il avait sur la ligne, à pouvoir se déplacer autant rapidement et nous permettre de figer ce moment magique. C'était magnifique, j’en avais la larme à l'œil, nous étions comme des fous dans le champ à crier, impressionnés de voir un tel spectacle ce passé. Le deuxième soir, le soir de la Pleine Lune, même schéma, tout était bien calculé, et au dernier moment, j’ai douté des calculs que j’avais fait, j’ai voulu me placer plus haut dans le champ, et nous avons loupé la photo. J'étais déçu, d’autant plus qu'Alex eût passé 1 bonne heure sur la ligne à attendre que la lune sorte. Heureusement, nous avions réussi la photo le premier soir, et cela représente quelque chose de magnifique pour moi. Le plus beau projet photo que j’ai pu réaliser jusqu’à présent. Tout ceci est arrivé grâce à un beau travail d’équipe, et je remercie infiniment l’équipe du Slackline Pays Basque pour cela.
Pour clôturer cette article, je voudrais vous partager le magnifique texte écrit par Aimeline Barnier sur ce projet. Quoi de plus beau qu’une plume aguerri pour raconter une histoire des plus passionnantes.
“384 400 kilomètres c’est la distance moyenne qui sépare la Lune de la planète Terre. 1 kilomètre, la distance entre l’équipe des slackeurs et nous les pieds sur la terre ferme. 100 mètres de vide séparent Rafiki du sol. 180 secondes c’est le temps qu’il faut à la Lune pour traverser les 100m entre les deux falaises et percer la nuit de sa beauté argentée.
Le Soleil nous a d’ores et déjà salué pour s’en aller chauffer d’autres âmes et réveiller d’autres contrées. Au sol dans le champ nous guettons l’éveil de la Lune. Les 5°C nous saisissent et nous engourdissent dans notre impatience. L’émoi et l’excitation réchauffent nos corps, nos sens. Rafiki baigne dans une immensité vertigineuse et attend que le ciel étoilé soit éclairé par La Grande Dame vêtue de blanc...
1 heure sur sa ligne, ses coéquipiers sur les falaises, nous dans la boue durcie par le froid.
60 minutes où l’on s’interroge sur l’exactitude de l’emplacement et les nuages qui se profilent.
L’astre angélique allait s’échapper de l’horizon, dans sa splendeur il rythmerait cette aventure d’un ton poétique, lui donnerait cette beauté idéale que ses lueurs délivrent en caressant la nuit. Il le fallait. L’attente est folle et dans notre désir naît le doute. D’en bas nous ne pouvons que soupçonner le froid en altitude. Un froid différent encore pour le slackeur, saisissant ses muscles, accélérant son cœur.
Talky walky dans les mains nous parlons avec l’équipe nous informant qu’elle approche. Une seconde plus tard une boule s’est formée dans nos ventres, les cieux s’illuminent et un premier croissant pointe au-delà des falaises. Nos yeux s’humidifient davantage, l’appareil photo est prêt et le moment prêt à être vécu. La Lune naissante nous fait à tous l’incommensurable honneur de sa majestueuse entrée. Rafiki se lève, ses mouvements sont calmes et inébranlables. Son corps qui se meut contrasté par la lumière de la Lune donne à l’instant une sérénité cosmique.
Les cieux accueillent lentement la sphère de Pierre scintillante. Déjà elle se laisse traverser par la ligne et son slackeur. Nous sommes les témoins d’un ballet se jouant dans les airs. Sa forme est ahurissante. Ronde, pleine, gigantesque, incroyable. Nous ne parlons plus, nous laissons toute sa place à cet instant. Notre silence se rempli des gifles du vent sur nos joues et de la chamade de nos cœurs. Les larmes nous gagnent en réaction à l’unicité de ce moment.
Ce qui s’opère près du ciel est une connexion parfaite entre l’Espace, la Terre, l’Humain. En nous raisonne la reconnaissance. Les secondes sont alors suspendues dans le temps. Les rayons nous transpercent et la beauté s’engouffre en nous. L’espace s’est comme ouvert et le cosmos paraît plus proche que jamais.
Durant ces secondes nous sommes humbles. Durant ces secondes l’univers nous offre une infime vision de cet infini absolu. Ce caractère éphémère donne à ce moment de vie une valeur divine.
L’astre de la nuit continue sa course vers le sud, et sur son fil Rafiki continue sa danse. “
Par Aimeline Barnier